Ai-je le droit de porter ça ?
Ai-je le droit de porter du orange si je suis rousse/blonde/châtain ?
Ai-je le droit de porter des épaulettes si j’ai les épaules carrées/tombantes/rondes ?
Ai-je le droit de porter une salopette si j’ai plus de 20 ans ?
La réponse courte à ces questions est bien évidemment oui, oui et encore oui !
Mais si vous vous les posez, ma réponse péremptoire ne va pas vous aider beaucoup…
Parce que sous la surface des ces questions, il y a en réalité d’autres questions plus profondes qui se cachent.
Je vois 2 principales raisons qui poussent les femmes à se demander sincèrement si elles ont le droit de porter certains vêtements ou certaines couleurs.
1 – Les conseils en images
2 – La peur du regard des autres
1 – Les conseils en image
Voyons le premier point : la multitude des conseils en image.
Le principal problème : leur multitude justement ! On est noyées dans la masse d’informations, on ne sait plus où donner de la tête.
On a des conseils en morphologie, en colorimétrie, on nous explique comment cacher son ventre, comment paraitre plus grande, plus mince, comment accepter son corps, comment s’habiller quand on a telle ou telle silhouette…
Mais dans quelle case je suis ? Est-ce que je suis carrée d’épaules ? Est-ce que j’ai la taille marquée ? Et si j’ai du ventre ET des larges épaules ET que je suis petite, je fais comment ?
Et pour couronner le tout, on peut tomber sur des conseils qui se contredisent !
Quelle pagaille !
Et on arrive à une situation où on est face à des injonctions et on a beaucoup trop de choix.
Je vais laisser de côté le sujet des injonctions, qui est plus global, et me concentrer ici sur le problème de la surabondance de conseils.
Une surabondance de conseils qui paralyse
On a tendance à croire qu’avoir toujours plus de choix c’est génial. Mais il arrive un moment où avoir trop de choix nous paralyse et nous empêche de faire un choix justement.
Je pense que c’est en partie ce qu’il se passe ici. Il y a trop de conseils et on ne sait plus vers lesquels se tourner pour décider ce qu’on veut porter.
On pourrait s’interroger sur la pertinence des conseils, sur les raisons de leur surabondance, sur les progrès ou les reculs des idées reçues sur l’apparence des femmes. Ce sont des sujets passionnants que j’aborde ici en filigrane.
Mais dans cet article j’aimerais plutôt vous proposer une approche plus concrète. Parce que si vous vous posez ces questions, vous n’avez pas besoin d’une dissertation socio-politico-philosophique !
Réduire les options pour passer à l’action
J’aimerais vous inviter à faire un pas de côté. Si vous vous posez des questions, c’est que vous voulez des réponses. Vous voulez savoir quoi porter pour vous sentir bien dans votre image.
Vous voulez passer à l’action, mais la surabondance de choix vous paralyse.
La solution évidente c’est de réduire les options !
Oui je sais c’est basique, limite simpliste, mais ça n’a pas besoin d’être compliqué !
Focalisez-vous sur un sujet qui vous préoccupe en priorité, une partie de votre corps dont vous sentez qu’elle vous pose problème pour vous habiller et cherchez des conseils spécifiques sur ça.
Focalisez-vous également sur un nombre restreint de sources de conseils : choisissez 1 ou 2 comptes insta / youtubes / tiktok ou autre et ne suivez que les conseils prodigués par ces comptes.
Vous arrêterez de vous prendre la tête et de papillonner de conseil en conseil.
Suivez les conseils donnés sur ces comptes, expérimentez et surtout SURTOUT, suite à ces expérimentations vous allez DECIDER si vous êtes d’accord ou pas avec ces conseils, si cela vous convient ou pas.
Ainsi, petit à petit vous allez vous faire vos propres avis, basés sur votre propre expérience et vous n’aurez plus besoin d’une validation extérieure pour savoir si oui ou non vous avez le droit de porter ce vêtement… Vous saurez.
2 – Le regard des autres
Si porte tel vêtement / couleur / maquillage, que vont en penser les autres ?
Ils risquent de se dire qu’elle en fait trop celle-là, qu’elle a vraiment des goûts tout pourris, qu’elle est hautaine, farfelue, etc.
Alors, là encore, on va faire retomber un peu la pression.
Déjà, c’est qui « les autres » ?
On a plusieurs niveaux « d’autres », plusieurs cercles plus ou moins proches.
Il y a les inconnus : gens dans la rue, dans les transports en commun. Ils sont nombreux mais vous ne les connaissez pas, ils ne vous connaissent pas. Ils traversent votre vie en quelques minutes.
Il y a les vagues connaissances : commerçants chez qui vous allez régulièrement, des voisins à qui vous dites bonjour de loin, les gens de votre quartier. Vous les croisez régulièrement, mais pas suffisamment pour dire que vous les connaissez vraiment, vous avez de brèves interactions avec eux mais vous ne connaissez même pas leur prénom pour la plupart.
Il y a les gens que vous côtoyez régulièrement : ce sont vos collègues de travail, les autres membres de votre groupe de sport, toutes les personnes que vous fréquentez souvent, au sein d’un collectif. Vous les connaissez de façon plus ou moins superficielle.
Il y ensuite les amis, vous les connaissez bien, vous les fréquentez régulièrement, vous avez confiance en eux, vous avez de l’affection pour eux.
Et enfin il y a la famille, qui sont encore plus proches que vos amis. Ils partagent votre intimité, ils vous voient le matin au réveil, quand vous êtes malade, ils connaissent presque tout de vous.
Donc, pour en revenir à la question de départ, quand on dit « les autres », on parle de qui en particulier ? Les inconnus dans la rue, les vagues connaissances, les collègues, les amis, la famille ?
Il n’y a pas de mauvaise ou de bonne réponse. Mais ça peut être intéressant de noter quel cercle vous intimide le plus.
Votre regard sur les autres
A présent, je vais vous inviter à observer votre propre comportement face à ces autres.
Est-ce que vous êtes vous-même à l’affut du moindre changement vestimentaire chez vos collègues / amis / famille ? Est-ce que vous avez un avis sur les choix vestimentaires de toutes les personnes que vous croisez dans la rue ?
Je suppose que non.
Et même… imaginons que vous remarquiez un truc un peu différent chez quelqu’un que vous connaissez. Est-ce que vous allez en faire une fixette et porter un jugement définitif sur elle ?
Probablement que non, vous allez peut-être hausser un sourcil et puis rapidement passer à autre chose.
Et c’est bien normal, parce que je vais vous révéler un petit secret un peu désagréable à entendre : nous sommes tous bien plus préoccupés de nous même que des autres.
Là où vous vous faites une montagne de ce que vont penser les autres, en réalité, ils s’en fichent ! Parce qu’ils sont tous bien plus intéressés par eux-mêmes…
Oui c’est dur à encaisser mais c’est aussi plutôt libérateur !
Dites-vous que la majorité des gens réagissent ainsi… La majorité des gens fonctionne comme vous !
Le regard des autres… ou votre propre regard ?
Vous avez noté comme je vous ai demandé de vous mettre à la place des autres pour imaginer leur regard sur vous ? En réalité vous n’avez aucune idée de ce que les autres pensent de vous. Vous ne pouvez que l’imaginer… à partir de votre propre point de vue.
C’est exactement cela qu’il se passe en réalité. Le regard que vous imaginez dans les yeux des autres n’est rien d’autre que votre propre regard sur vous.
Petite mise en situation : imaginons que vous ne portez pas ce top à paillettes pour aller travailler parce que vous avez peur que « les autres » vous trouvent trop extravagante…
En réalité si vous avez peur que « les autres » aient cette pensée, c’est parce que vous-même vous trouvez cela trop extravagant. Peut-être même que vous trouvez cela trop extravagant pour vous (mais pour une autre ce serait ok).
Qu’est-ce que cela dit de votre regard sur vous-même ? Vous avez peur d’être extravagante ? L’extravagance a une connotation négative pour vous ? Laquelle ? Qu’est-ce que cette envie d’extravagance dit de vous ? Qu’est-ce que cette peur d’exprimer votre extravagance dit de vous ?
La plupart du temps on retombe sur des jugements, sur des injonctions qu’on a intériorisées et qu’on s’applique sans même s’en rendre compte.
On a tous des jugements sur soi, l’idée n’est pas d’ajouter une couche de culpabilité à tout ça. Mais aller voir en face nos propres jugements négatifs sur nous-même, les accepter, les dépasser, les transformer, ça permet de se sentir tellement plus libre de ses choix !
Se libérer du regard des autres, en réalité c’est se libérer des jugements négatifs qu’on a sur soi-même.
3 – Conclusion
Alors, pour avancer vers vous-même et vous libérer des injonctions et du regard des autres, vous avez deux pistes que je vous ai proposées ici : limitez vos options pour vous permettre de passer à l’action et faire vos propres expérimentations, et regardez en vous ce qui se joue lorsque vous faites ces expérimentations.
Je vous promet que l’exercice en vaut le coup !