Les limites de la colorimétrie
La notion de colorimétrie dans l’image se démocratise de plus en plus. Il est désormais admis que les couleurs que l’on porte ont un effet sur le teint. Certaines peuvent nous donner bonne mine ou au contraire nous donner l’air malade.
Vous vous êtes sûrement déjà posé la question de savoir quelles sont les couleurs qui vous vont !
Et c’est pour cela qu’on voit fleurir sur le net de nombreux articles sur le sujet. J’ai d’ailleurs moi-même apporté ma pierre à l’édifice ! Dans cet article, je vous explique comment faire votre propre test de colorimétrie.
A écouter ou à lire tous ces conseils, on a l’impression que c’est très objectif et très fiable.
En effet, on vous dit que suite à un test de colorimétrie, vous connaissez votre palette de couleurs (identifiée par le nom d’une saison). Ce sont ces couleurs là qui vous vont le mieux au teint. Et donc pour vous mettre en valeur, vous n’avez qu’à choisir les couleurs de vos vêtements parmi celles de votre palette.
Dis comme ça, c’est très séduisant et cela semble très simple. Pourtant, c’est un sujet qui divise !
En effet, même si on voit de nombreuses personnes ravies des résultats de leur test, il y a aussi beaucoup de déçues… Et devant ce constat on a d’un côté ceux qui y croient et de l’autre ceux qui n’y croient pas…
C’est pourquoi dans cet article, je voudrais parler des limites des tests de colorimétrie. Ces limites sont très rarement évoquées, mais elles sont pourtant bien réelles !
Petite histoire de la colorimétrie
En me baladant sur le web, je suis tombée sur cet article très intéressant qui retrace de façon rapide l’histoire de la colorimétrie.
On y apprend que les premières études sur les couleurs datent du début du XIXème siècle. A cette époque, le directeur de la manufacture des Gobelins, Michel Eugène Chevreul s’est rendu compte que certaines couleurs portées près du visage rendent le teint terne alors que d’autres le rendent lumineux.
Ses travaux ont été approfondis par Josef Albers et Johannes Itten, tous les deux peintres et enseignants. On doit en particulier à Johannes Itten des variantes du cercle chromatique qui permettent de mieux maitriser et surtout d’assortir les couleurs de façon esthétique.
La colorimétrie telle que nous la connaissons aujourd’hui, a été élaborée vers la deuxième moitié du XXème siècle. En particulier grâce aux travaux de Suzanne Caygill publiés en 1978 et ceux de Carole Jackson en 1980, deux pionnières du conseil en image.
Réservée à certains milieux aisés et artistiques au début. Aujourd’hui grâce à la télévision et au web, la colorimétrie se popularise auprès du public.
La répartition des couleurs en colorimétrie
Concrètement, la colorimétrie consiste à déterminer la palette de couleurs qui va le mieux convenir à une personne. Ces couleurs sont celles qui seront en harmonie avec les couleurs naturelles de la personne : la couleur de sa peau, de ses yeux, de ses cheveux.
Pour cela, les couleurs ont été réparties en 4 catégories nommées d’après les 4 saisons : printemps, été, automne et hiver. Les couleurs sont réparties selon la lumière du soleil et les couleurs de la nature à chaque saison.
La répartition des couleurs dans chaque saison se fait en fonction de sa chaleur et de son intensité. Ainsi on peut décrire les 4 saisons de couleurs ainsi :
- Printemps : couleurs chaudes, fraîches, légères, pétillantes
- Automne : couleurs chaudes, intenses, flamboyantes
- Eté : couleurs froides, douces, légères, amorties
- Hiver : couleurs froides, intenses, vives, contrastées
A noter que le nom de la palette n’a rien à voir avec la chaleur des couleurs ! L’été qui correspond à une saison où il fait plutôt chaud réuni des couleurs froides.
La colorimétrie c’est scientifique ?
Ce qu’il faut bien comprendre c’est que la colorimétrie dans le contexte de la mode et du stylisme n’est pas une science. Et a fortiori pas une science exacte !
Le terme colorimétrie sonne très technique, il parle de mesure (métrie) de la couleur (color). Et il existe effectivement des domaines dans lesquels ce terme désigne des pratiques scientifiques et techniques. En particulier, en chimie ou dans le bâtiment. On utilise des instruments qui vont vraiment mesurer les longueurs d’ondes de la lumière et donc sa couleur.
Mais dans le stylisme, ce qu’on nomme colorimétrie n’a rien de technique ou de scientifique. Pour la simple et bonne raison que cela se base sur une observation à l’œil nu ! Et que les résultats sont d’ordre esthétique !
Il faut donc être bien consciente que malgré le nom très scientifique, un test de colorimétrie contient une grande part de subjectivité !
La subjectivité en colorimétrie
Un regard qui fait la différence
Si vous avez fait appel à plusieurs conseillères en image, vous en avez peut être fait les frais. Vous vous êtes retrouvée avec des résultats différents et chaque conseillère vous a proposé une palette de couleurs très différentes !
Il y a des personnes qui font quasiment l’unanimité. Les rousses par exemples seront quasiment toujours orientées vers des couleurs chaudes. Mais pour d’autres, les résultats peuvent être beaucoup plus variables.
En effet, pour vous donner une illustration, sur certaines personnes on peut observer une très nette différence sur la couleur de la peau selon qu’elles portent une couleur chaude ou une couleur froide. Sur ces personnes-là, les couleurs chaudes auront tendance à rendre la peau un peu plus foncée et les couleurs froides auront tendance à éclaircir la peau.
Ça c’est une observation plutôt « objective ». Le problème, c’est l’interprétation que l’on va en faire ensuite…
Pour certaines conseillères, le fait d’avoir une peau plus foncée va s’apparenter à du bronzage, un effet bonne mine. Elles vont donc orienter ce type de personnes vers les couleurs chaudes. D’autres conseillères au contraire vont voir dans le fait d’avoir une peau plus claire un teint frais et lumineux. Elles orienterons donc ces clientes vers les couleurs froides.
Et c’est ainsi qu’une même personne aura des conseils différents selon la conseillère qui lui aura fait passer le test !
Des conseils en ligne contradictoires
Si vous essayez de trouver des informations sur le web c’est la même chose !
Généralement pour vous aider à faire votre diagnostique en ligne, on vous propose d’observer la couleur de votre peau, de vos yeux, de vos cheveux, et d’en déduire votre palette. Mais les différentes palettes ne seront pas attribuées aux mêmes personnes en fonction des conseillères !
Par exemple, si vous avez une peau dorée (plutôt chaude donc), dans certains cas vous serez orientée vers les couleurs chaudes. Ceci dans l’idée « d’assortir » les couleurs des vêtements à celles de votre peau. Et pour d’autres, pour cette même couleur de peau, on vous conseillera les couleurs froides. Avec cette fois l’idée de faire un « contraste » entre les couleurs de vêtements et celle de votre peau…
Et en fonction des sites que vous consultez, vous ne savez plus qui croire… C’est d’ailleurs pour cela que le test que je vous propose de réaliser chez vous est basé sur le test des tissus plutôt que sur l’observation de vos couleurs naturelles. Afin de limiter au maximum la part de ma subjectivité dans votre résultat.
Même la simple notion de couleurs chaudes / couleurs froides peut varier d’une personne à une autre !
J’ai vu des palettes de couleurs froides (été et hiver) qui contenaient des couleurs qui pour moi sont chaudes sans aucun doute possible…
Donc même si votre saison est clairement déterminée, la palette de couleurs que l’on vous conseille n’est pas toujours la même !
Quel positionnement adopter
Dans ce contexte, il convient de la part des conseillères de faire preuve d’humilité et d’honnêteté. C’est en tout cas le choix que j’ai fait. Je suis intimement convaincue qu’aucune de nous ne détient la vérité absolue. Nous n’avons comme bagage que notre formation, notre expérience et notre jugement personnel.
Lorsqu’une cliente vient à nous, il n’est pas forcément opportun de lui dire de but en blanc que ce qu’on va lui dire est sujet à caution ! Notre rôle est aussi de rassurer, d’écouter, de conseiller… Mais on peut au moins faire passer le message que la palette de couleurs n’est pas un impératif. Et encourager la cliente à exercer son esprit critique et son libre arbitre.
Du point de vue des clientes, il est important que vous suiviez aussi votre intuition. Si un test de colorimétrie vous a révélé d’une palette avec laquelle vous êtes vraiment mal à l’aise, soyez consciente que vous pouvez remettre en question votre diagnostique…
Je vous l’ai déjà dit à plusieurs reprises. C’est très important que vous vous fassiez votre propre opinion sur tout ce qu’on vous dit. Moi y compris !
En conclusion
Je continue à faire passer des tests de colorimétrie, que je préfère nommer consultation couleur. C’est un excellent moyen d’aider les femmes à porter de la couleur et à s’assumer.
Je me suis approprié la méthode avec laquelle j’ai été formée parce que je suis convaincue de son efficacité. Malgré tout, je garde toujours en tête toutes les réserves que j’ai émises dans cet article.
Quand je « vois » qu’une couleur met en valeur une personne, je reste consciente que mon regard et mon avis sont subjectifs.
Et surtout j’insiste toujours sur le fait que la palette de couleur n’est pas une contrainte à s’imposer, qu’il faut surtout la considérer comme un nouveau champ de possibilités ! J’avais exposé mon point de vue à ce sujet dans cet article.
Et pour finir, j’aimerais vous rappeler que peu importe la couleur que vous portez, si vous souriez, vous aurez toujours meilleure mine que si vous faites la tête !